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encore. A Brest, nous étions à table avec le général Hoffmann et pas avec Liebknecht. Là, nous avons aidé la révolution allemande, tandis que vous, maintenant, vous portez aide à l’impérialisme allemand, lui livrant des richesses par millions : canons, obus, vivres. Il est arrivé ce que pouvait prédire tout homme qui connaissait la situation, douloureuse sans précédent, de l’armée. Nous aurions été perdus à la moindre velléité d’attaque de la part des Allemands, inévitablement et irrémédiablement ; tout observateur consciencieux du front nous le disait. Au cours de plusieurs jours nous fûmes véritablement la proie de l’ennemi. Après cette leçon nous saurons surmonter notre scission et notre crise, si grave que soit la maladie, parce qu’un allié plus sûr viendra à notre aide : la révolution mondiale. Quand on nous questionne au sujet de la ratification du nouveau traité de Tilsitt, qui fut plus annexionniste encore que celui de Brest, je réponds : « Oui, inconditionnellement ». Nous devons le ratifier, nous mettant au point de vue des masses. La tentative d’appliquer à toute la marche de la révolution la tactique d’octobre-novembre, expérimentée seulement dans notre pays, la tactique de la période triomphale de la révolution, cette tentative a été répudiée par l’histoire. Quand on nous déclare que le répit n’est qu’une illusion, quand un journal prend le nom de « Communiste », sans doute pour rappeler l’exemple de la Commune de Paris, quand ce journal, colonne par colonne, réfute la théorie d’un répit, alors je vois clairement (j’ai vécu bien des scissions et des luttes fractionnelles et je m’y connais), je vois clairement que cette maladie sera guérie par la vie même avant qu’elle soit guérie par les anciennes méthodes des scissions de parti. La vie marche à grands pas, sur ce point elle agit admirablement : l’histoire pousse sa locomotive rapidement en avant ; et la rédaction du « Communiste » n’aura pas eu le temps d’éditer son numéro courant que la majorité des ouvriers de Pétrograd aura déjà abandonné son point de vue, parce que la vie nous prouve à tout moment que le répit est un fait.

Ayant signé la paix, nous avons actuellement un répit,