attendent parce que nous n’avons pas d’armée, ni d’organisation, et qu’on ne peut refaire les deux à la fois. Si tu ne sais pas t’adapter à cela, si tu ne sais pas te traîner par terre, le ventre dans la crotte, alors tu n’es qu’un bavard et pas un révolutionnaire, parce qu’il n’y a pas d’autre route, parce que l’histoire nous joue ce tour désagréable que la révolution doit mûrir dans les deux pays en même temps.
La guerre civile a débuté par une rencontre avec l’impérialisme qui prouva que cet impérialisme est pourri et que les éléments prolétaires se lèvent au sein de toutes les armées. Oui, nous verrons la révolution internationale mondiale, mais en ce moment ce n’est qu’un conte très attrayant, un conte très joli. Je comprends bien que les enfants aiment les jolis contes, mais je vous demande : un révolutionnaire sérieux peut-il croire à des contes ? Dans tout conte il y a un élément de réalité ; si vous donnez aux enfants un conte où le coq et le chat ne conversent pas en langage humain intelligible, ils ne s’intéresseront pas à ce conte… Parfait, si le prolétariat allemand est prêt pour l’action, mais avez-vous mesuré, avez-vous trouvé un instrument pour pouvoir calculer que la révolution allemande commencera tel ou tel jour ? Vous ne le savez pas ; nous ne le savons pas non plus. Vous jouez tout sur cette carte. Si la révolution intervient, tout est sauvé. Sans nul doute ! Mais si elle n’intervient pas malgré tous nos vœux, si elle ne remporte pas demain la victoire, alors quoi ? Alors la masse nous dira : « Vous avez agi en égoïstes, vous avez misé sur une marche heureuse des événements qui n’a pas eu lieu, vous vous êtes montrés incapables de vous orienter dans la situation existant de fait, en pensant seulement à la révolution internationale qui viendra, certes, mais qui n’a pas encore mûri ».
La période des défaites les plus lourdes est venue, l’impérialisme armé jusqu’aux dents les inflige au pays qui a dû démobiliser son armée. Tout ce que je prédisais s’est accompli. Au lieu de la paix de Brest, nous avons par la faute de ceux qui ne la voulurent pas une paix bien plus honteuse
