Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes qui ont souffert un tel martyre. Dans des centaines de résolutions durant la première période révolutionnaire, nous avons déclaré avec pleine franchise : « Nous sommes gorgés de sang, nous ne pouvons plus faire de guerre ». On pouvait laisser traîner les événements, on pouvait frauder comme Kerenski, on pouvait retarder la fin pour quelques semaines, mais la réalité des faits se frayait son chemin.

L’armée, c’est actuellement la partie malade de l’organisme russe, celle qui ne peut plus supporter le fardeau de la guerre. Plus tôt nous la démobiliserons, plus tôt elle se dissoudra, en ne laissant subsister que des unités moins entamées, plus tôt aussi le pays sera apte pour de nouvelles lourdes épreuves. Voilà ce que nous sentions quand à l’unanimité, sans protestation d’aucune part, nous prîmes la décision de démobiliser l’armée, une décision qui paraissait absurde au point de vue de la situation internationale. Ge fut un acte nécessaire. Nous disions que l’espoir de conserver l’armée ne serait qu’une illusion mensongère. Plus tôt nous démobiliserons, plus tôt commencera le redressement de tout l’organisme dans son entier. Voilà pourquoi la phrase révolutionnaire : « L’Allemand ne pourra pas avancer » fut une erreur si profonde, une fausse estimation des faits dont les fruits furent amers, ainsi que cette phrase qui en découlait : « Nous pouvons proclamer que la guerre cesse. Ni guerre, ni signature de paix ». — Mais si l’Allemand avance ? — Non, il ne pourra pas avancer ». Avez-vous donc le droit de jouer sur une seule carte, même pas la destinée de la révolution mondiale, mais cette question concrète : N’aurez-vous pas été les fourriers de l’impérialisme allemand, si son avance se produit quand même ? Vous qui êtes tous devenus défensistes depuis octobre 1917, vous qui admettez maintenant la défense de la patrie, car nous l’admettons tous après octobre 1917, qui savez qu’on a rompu avec les impérialistes, par des actes, non seulement par des paroles, qu’on a déchiré les traités secrets, vaincu la bourgeoisie dans le pays, et proposé une paix honnête qui permet à tous les peuples de voir nos intentions, vous