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blêmes par une marche triomphale, dans la nouvelle période historique, qui nous oppose pour cette fois non point les bûches pourries de Kerenski et de Kornilov, mais un puissant brigand international, tandis que la révolution à l’Occident mûrit, certes, mais n’est manifestement pas encore mûre. La décision basée sur l’idée que l’ennemi n’oserait pas marcher contre la révolution était une aventure. Les pourparlers de Brest n’étaient pas encore le moment où nous devions accepter n’importe quelles conditions de paix. Les pourparlers de Brest devaient nous montrer que les Allemands avanceraient, que la société allemande n’était pas encore grosse de révolution au point de redouter tout choc. Il serait puéril de reprocher aux impérialistes allemands de n’avoir pas mieux préparé par leurs actes l’explosion révolutionnaire, ou bien, comme le disent nos jeunes amis de gauche, la situation où « l’Allemand ne pourra plus avancer ». Ils ne veulent pas comprendre que nous n’avons plus d’armée, que nous avons dû démobiliser sans pour cela oublier un moment qu’un tigre couche côte à côte avec notre doux animal domestique. On ne peut finir la guerre par un ordre unilatéral de planter les baïonnettes dans le sol.

Comment s’est-il donc fait qu’aucune tendance, aucun courant, aucune organisation ne se soient opposés à la démobilisation ? Sommes-nous tous devenus fous ? Nullement. Des officiers non bolchéviks déclaraient avant la révolution d’octobre que l’armée ne pouvait plus faire la guerre, qu’on ne pouvait la retenir au front même pour quelques semaines. Après octobre cela devint évident pour tous ceux qui voulaient voir les faits de la triste réalité et non pas s’abriter derrière les phrases orgueilleuses. L’armée n’est plus, on ne peut plus la conserver. Le mieux à faire, c’est de la démobiliser au plus vite. C’est la partie malade de l’organisme, qui a supporté les souffrances et les privations inouïes de la guerre qu’elle a dû aborder insuffisamment préparée au point de vue technique et qui en est sortie dans un tel état que toute avance ennemie provoque une panique dans ses rangs. On ne peut accuser de rien ces