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des chemins ; quand se posait la question : les peuples peuvent-ils encore faire la guerre dans un état pareil ? Je dis que notre révolution se fit à un moment favorable, parce que des deux groupes gigantesques des forces impérialistes aucun ne pouvait se jeter sur nous, et la possibilité était moindre encore que les deux groupes belligérants puissent s’unir contre nous. Notre révolution put donc profiter et elle profita uniquement de cette situation internationale, politique et économique, pour accomplir sa marche triomphale par la Russie d’Europe, pour se jeter en Finlande, pour commencer à conquérir le Caucase et la Roumanie. Ces événements-là expliquent l’apparition, dans nos cercles « avancés », d’intellectuels et de « surhommes » d’entre nos militants qui déclarèrent, s’étant laissé griser par notre marche triomphale : « Nous viendrons à bout de tout impérialisme mondial ; là aussi ce ne sera qu’une marche triomphale, là aussi il n’y aura pas de difficultés réelles ».

Le mouvement révolutionnaire se développait, certes, aussi en dehors des confins de la Russie, mais, dans tous les pays impérialistes sans exception, il n’était pour la plupart des cas que dans un état embryonnaire. Il se développait autrement et moins rapidement que chez nous. Pour celui qui a réfléchi sur les données économiques de la révolution socialiste en Europe un fait devait être clair : il est bien plus difficile de commencer en Europe ; chez nous il est infiniment plus facile de commencer, mais il sera beaucoup moins aisé de continuer. En Europe c’est le contraire : la révolution une fois commencée, il sera bien plus facile de la pousser en avant. De cette situation de fait résultèrent les circonstances qui nous firent vivre un revirement très dur et très brusque de la situation.

Après une marche triomphale ininterrompue en octobre, novembre, décembre sur notre front intérieur, nous devions passer à une rencontre avec le véritable impérialisme international résolument hostile envers nous. De la période de marches triomphales il fallait passer à une période très difficile et très dure, qu’on ne pouvait surmonter par des paroles et des mots d’ordre éclatants si agréable que cela aurait