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Cette maladie se répète.

Les temps sont plus difficiles. La question est un million de fois plus grave. Tomber malade dans ces circonstances serait risquer de perdre la révolution.

Il faut lutter contre la phrase révolutionnaire ; nous sommes obligés de la combattre, nous devons la combattre pour qu’on ne dise pas un jour sur notre compte cette vérité amère : « La phrase révolutionnaire sur la guerre révolutionnaire a perdu la révolution ». (20)


Le Comité Central du parti accepta le point de vue de Lénine et le Conseil des Commissaires du peuple envoya aux Allemands un télégramme acceptant toutes leurs conditions. Mais une réaction violente se produisit dans les milieux soviétiques. Non-seulement les s. r. de gauche, alliés des bolchéviks, se déclarèrent pour la « guerre révolutionnaire », mais aussi de nombreuses organisations du parti bolchéviste même s’insurgèrent contre la direction du parti. Le Comité de Moscou adopta une résolution déclarant que « dans de telles conditions le pouvoir des Soviets devenait vide de sens » ; les bolchéviks insurgés firent même paraître un organe de leur groupe nommé Le Communiste, sous la direction de Boukharine.

Dans les usines de Pétrograd et de Moscou les sirènes hurlaient jour et nuit en signe d’alarme ; on incitait les ouvriers à former des bataillons de volontaires. Le secours offert par les alliés en fait de matériel et d’aide technique était accepté avec empressement. Lénine lui-même, dans une note crayonnée à la hâte, se prononçait « pour l’acceptation du secours des bandits anglo-français. »

Mais l’avance allemande se poursuivit sans obstacles. L’Estlande fut occupée en entier. Sur la route de Pétrograd, Pskov fut pris. Les détachements de marins et d’ouvriers de l’usine Poutilov, envoyés à la rencontre des Allemands, se perdirent dans le flot de l’armée qui se débandait.

La paix fut signée le 3 mars. Les délégués bolchévistes déclarèrent qu’ils la signaient sous la contrainte, sans lire le traité. L’avance des Allemands s’arrêta à 150-250 kilomètres de Pétrograd et dans les milieux qui les avaient attendus fut forgé le mot : « Connaissez-vous la dernière atrocité allemande ? Ils n’ont pas voulu prendre Pétrograd. »