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Nos « révolutionnaires » sentimentaux raisonnent admirablement.

7.

Le dernier subterfuge, le plus « battant », le plus courant entre tous : « La paix infâme est un opprobre, une trahison à l’égard de la Lettonie, de la Pologne, de la Courlande, de la Lithuanie ».

Faut-il s’étonner que ce soient justement les bourgeois russes (et leurs satellites : les Novy Loutch, Diélo Naroda, Nova Jizn[1]) qui exploitent le plus assidûment cet argument soi-disant internationaliste ?

Non, il n’y a pas lieu de s’étonner : cet argument est un guet-apens ; la bourgeoisie le tend consciemment aux bolchéviks russes, et une partie de nos bolchéviks s’y laissent prendre inconsciemment, par amour de la phrase,

Prenons cet argument au point de vue de la théorie : quel principe est supérieur, le droit des nations à disposer d’elles-mêmes ou le socialisme ?

Le socialisme est le principe supérieur.

Est-il admissible, à cause d’une infraction au droit des nations à disposer d’elles-mêmes, de livrer aux loups la république socialiste des Soviets, à l’exposer aux coups de l’impérialisme, au moment où il est manifeste que l’impérialisme est le plus fort et la République des Soviets est la plus faible ?

Non. Ce n’est pas admissible. Ce serait une politique bourgeoise et non pas une politique socialiste.

Plus encore : Est-ce qu’une paix qui « nous » rendrait la Pologne, la Lithuanie, la Courlande, serait une paix moins honteuse, moins annexioniste ?

Au point de vue du bourgeois russe, oui.

Au point de vue du socialiste-internationaliste, non.

Car ayant évacué la Pologne (ce que les bourgeois en Allemagne voulaient faire il y a quelque temps) l’impérialisme allemand serrerait encore plus fort la Serbie, la Belgique, etc.

  1. Quotidiens socialistes non-bolchéviks du moment.