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confiscation du pain sans aucun équivalent, la situation de la Belgique ou de la Serbie, il faut subir cela, sinon il y aura un traité désavantageux, l’Allemagne nous imposera 6 ou 12 milliards de contribution avec délais de paiement, prendra du pain donnant en échange des machines, etc.

Ah ! ces héros de la phrase révolutionnaire ! En repoussant la « sujétion » à l’impérialisme, ils escamotent modestement le fait que pour éviter toute sujétion, il faudrait jeter à bas l’impérialisme.

Nous nous résignons à un traité désavantageux et à une paix séparée, sachant que pour le moment nous ne sommes pas prêts pour la guerre révolutionnaire, qu’il faut savoir attendre (ainsi que nous avons attendu, supportant le joug de Kerenski, le joug de notre bourgeoisie de juillet à octobre), attendre que nous soyons plus forts. Donc, s’il est possible d’obtenir une paix séparée, fût-elle désavantageuse, il est obligatoire de l’accepter dans l’intérêt de la révolution socialiste qui est encore faible (car la révolution qui mûrit en Allemagne n’a pas encore rejoint notre révolution russe).

Seulement au cas de l’impossibilité complète d’obtenir une-paix séparée, il nous faudra combattre à l’instant actuel — non parce que cela sera la tactique appropriée, mais parce que nous n’aurons plus le choix. Dans ce cas, il n’y aura plus à discuter sur telle ou telle autre tactique. Il ne restera inévitablement que la résistance la plus acharnée. Mais aussi longtemps que nous avons le choix, il faut choisir la paix séparée et le traité le plus désavantageux, car c’est encore cent fois mieux qu’une situation à la belge. Nous devenons plus forts avec chaque mois, quoique nous soyons, faibles actuellement. La révolution socialiste internationale en Europe mûrit avec chaque mois quoiqu’elle ne soit pas encore mûre. Donc… donc, raisonnent nos « révolutionnaires » (si l’on peut dire), il faut accepter le combat au moment où l’impérialisme allemand est manifestement plus fort que nous, cet impérialisme qui faiblit de mois en mois (à cause de la progression lente mais inexorable de la révolution allemande)…