aventure ; nous désapprouvions souvent les formes les plus héroïques de la résistance individuelle, considérant qu’elles étaient inopérantes et même nuisibles à la cause de la révolution. En 1907, nous appuyant sur des expériences décevantes, nous avons repoussé le boycottage des élections à la IIIe Douma, etc., etc.
Pour aider la révolution allemande, il faut donc : ou bien se borner à la propagande, à la fraternisation aussi longtemps qu’on ne dispose pas de forces pour porter un coup décisif dans la lutte militaire ou insurrectionnelle, ou bien se résoudre à la lutte, étant sûr qu’on ne portera pas de ce fait secours à l’ennemi.
Il est clair pour tous (sauf peut-être pour ceux qui sont ivres de phrases) qu’en engageant une lutte militaire ou insurrectionnelle manifestement sans forces, manifestement sans armée, on se jette dans une aventure qui ne porte pas secours aux ouvriers allemands, mais, au contraire, qui entrave leur lutte et qui facilite la tâche de leurs ennemis et des nôtres.
Il existe encore un subterfuge, puéril à ce point que je n’aurais jamais cru à la possibilité de pareils arguments, si je ne les avais entendus de mes propres oreilles.
« Les opportunistes nous disaient en octobre que nous n’avions pas de forces, pas de troupes, pas de mitrailleuses, aucune technique ; mais on trouva tout cela au moment où fut engagée la lutte d’une classe contre l’autre. Tout se trouvera aussi dans la lutte du prolétariat russe contre la classe capitaliste de l’Allemagne ; le prolétaire allemand nous viendra en aide. »
En octobre, en fait, nous avons estimé exactement les forces des masses. Non seulement nous pensions, mais nous savions, par les résultats de toutes les élections aux Soviets, que les ouvriers et les soldats en septembre et au début d’octobre étaient déjà passés de notre côté dans leur énorme majorité. Nous savions aussi, ne fût-ce que par les votes à la Conférence Démocratique que la coalition était
