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toute exploitation, toute petite propriété (discours aux jeunesses communistes, 4. X. 1920, p.).

Tout est sacrifié à ce but, à la révolution sociale qui doit triompher par des voies que Lénine lui-même ne prétend pas connaître. Fidèle à son vocabulaire militaire, il prend pour devise le mot de Napoléon (qu’il cite dans l’un des derniers fragments qui aient paru, sous son nom, de son vivant) : on s’engage et puis on voit…

Cette haine implacable contre la société bourgeoise — dont la science lui paraît suspecte et dont l’art le laisse froid — Lénine la voue non seulement aux grands propriétaires, mais aussi à ceux qu’il appelle les éléments petits-bourgeois, les paysans, les artisans, les petits commerçants.

« L’ennemi le plus mortel de la révolution socialiste, déclare-t-il au début de la révolution (avril 1918), c’est le milieu des petits propriétaires ». Plus tard, vainqueur dans la guerre civile, il proclame (en décembre 1920) : « nous n’avons pas extirpé les racines du capitalisme, nous n’avons pas détruit la base de notre ennemi intérieur. Ce dernier s’appuie sur la petite propriété »… « On pouvait, explique-t-il dans un autre discours, simplement exproprier et chasser les grands propriétaires terriens et les capitalistes ». Mais les « dernières classes capitalistes » les petits producteurs, les petits bourgeois sont plus de 50 % de la population, même dans les pays « avancés ». « On ne peut pas les exproprier ou les chasser, constate-t-il à regret, la lutte doit être menée par d’autres moyens ». Mais c’est toujours la lutte, — la guerre.

La haine reste sa seule et vraie passion, car sa sollicitude pour le prolétariat n’est qu’une sollicitude abstraite pour un prolétariat des temps futurs, un « amour pour le lointain » au détriment de « l’amour pour le prochain ». En propagandiste habile il sait parfois faire miroiter aux yeux des ouvriers l’espérance d’un temps meilleur. Mais il se rend compte, et de plus en plus clairement au cours de la révolution, qu’au moment actuel son action ne peut pas améliorer la situation matérielle de l’ouvrier, bien au contraire :