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mais n’en serait pas moins une paix avec les annexionnistes, avec les impérialistes allemands (19).


Mais l’optimisme révolutionnaire, résultat des succès rapides sur le front intérieur, était trop fort dans le parti pour qu’il pût adopter une solution si peu reluisante. On entreprit encore une tentative de faire traîner les pourparlers à Brest. Des grèves éclatèrent à Berlin, à Vienne, grossies au démesuré par les journaux soviétiques. Zinoviev au nom du Soviet de Petrograd adressa un salut « aux Soviets de Berlin et de Vienne ». Les Allemands sentirent à leur tour qu’on se jouait d’eux et que la situation présente était plus favorable aux bolcheviks qu’à leurs adversaires de Brest. Ils décidèrent de mettre fin à cet état de choses, en signant un traité de paix avec la Rada Ukranienne, dont presque tout le territoire était déjà conquis par les troupes bolchévistes, et mirent en demeure la délégation soviétique de répondre oui ou non à leurs conditions de paix.

Ne pouvant se décider, les bolchéviks recoururent à une solution qui leur parut ingénieuse : Trotzki déclara que sans signer la paix, la République des Soviets considérait la guerre finie et décrétait la démobilisation de son armée.

Là-dessus, les Allemands dénoncèrent l’armistice et reprirent l’offensive le 18 février. L’armée russe en pleine décomposition s’effondra sans combattre. Les Allemands s’avancèrent sans rencontrer de résistance, avec une grande rapidité. Une panique s’empara des milieux bolchévistes. Dans la population, excédée par l’anarchie et les violences révolutionnaires, des sympathies pour les Allemands se manifestèrent.

Lénine, furieux contre Trotzki et les autres membres du Comité Central, responsables de cette situation, publia dans la Pravda, le 21 février, un article intitulé : « Sur la phrase révolutionnaire » :

Quand j’ai déclaré à une de nos réunions, que la « phrase révolutionnaire » d’une guerre révolutionnaire pouvait perdre notre révolution, on m’a reproché d’être trop violent dans ma polémique. Mais il y a des moments où l’on doit poser les questions directement et nommer les choses par leur véritable nom ; sans cela on risque de causer un mal irréparable au parti et à la révolution.

La phrase révolutionnaire est uue maladie qui sévit dans