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Nous n’avons pas agi comme l’auraient recommandé les compromissiers : nous n’avons pas attendu que la Constituante se réunisse ; nous n’avons pas élaboré de projet de loi pour le soumettre à la Constituante et pour prévenir en même temps messieurs les bourgeois au sujet de nos intentions, pour qu’ils puissent trouver une échappatoire qui leur permette d’éluder cette mesure désagréable. C’est ce que nous aurions dû faire pour créer des lois, des « actes d’Etat » d’après nos compromissiers. Nous agîmes autrement. Sans craindre les critiques des gens « instruits » ou plutôt des partisans inconscients de la bourgeoisie qui font commerce du reste de leur savoir, nous nous sommes dit : « Nous disposons d’ouvriers et de paysans armés. Demain matin ils doivent occuper toutes les banques privées. Quand ils auront fait cela, quand les banques seront entre nos mains, alors nous discuterons la question de ce qu’il faut faire et quelles mesures on doit prendre ». Les banques furent donc occupées le matin, et dans la soirée le C. E. C. adopta la résolution « les banques sont déclarées propriété nationale ». La nationalisation, la socialisation des banques, leur remise au Pouvoir Soviétique étaient accomplies.

Il n’y avait pas un seul homme dans notre milieu qui s’imaginait que le mécanisme des banques, si raffiné, si subtil, qui s’est développé pendant des siècles de système capitaliste, pouvait être brisé et refait en plusieurs jours. Jamais nous n’avons émis cette prétention. Quand les savants et les quasi-savants, en hochant la tête, prophétisaient, nous leur répondions : prophétisez autant que vous voudrez. Nous connaissons la seule voie de la révolution prolétarienne : elle s’empare des positions ennemies, elle apprend à gouverner par l’expérience de ses propres erreurs. Nous ne nous dissimulons pas les difficultés qui se trouvent sur notre chemin, mais l’essentiel est déjà fait. La source des richesses capitalistes est coupée, leur distribution est arrêtée. L’annulation des emprunts d’Etat, la libération du joug financier, tout cela fut facile après le premier pas. De même, la confiscation des usines fut