Abattu par une maladie cérébrale au milieu de son action, au faîte de sa puissance, Lénine n’a point laissé de mémoires ; il n’a jamais non plus tenté d’écrire une histoire de la révolution bolchéviste. Mais il « faisait » cette histoire. Ce sont ses articles, ses discours, ses mots d’ordre — ainsi que ses ordres tout court, — qui traçaient la voie au parti communiste-bolchévique. C’est donc dans la masse de ses discours et de ses écrits, qui occupent pour la seule période 1917-1923 plusieurs milliers de pages grand in-octavo, qu’on doit chercher, dans son essence la plus pure, la conception bolchéviste de cette révolution.
Les Œuvres de Lénine publiées dans leur entier par décision du IXe Congrès du parti communiste (qui eut lieu en mars 1920) réunissent tous les articles parus de son vivant et tous ses discours officiels, ainsi qu’une partie de ses discours prononcés dans les réunions secrètes des organisations communistes (Trotzki se plaint que le choix dans ce dernier cas fut loin d’être impartial du point de vue des controverses entre ses « héritiers » ). Ces pages renferment d’innombrables répétitions, car Lénine développait les mêmes idées, en recourant souvent aux mêmes arguments, successivement dans les différentes instances du parti, des Soviets, et de l’Internationale. Il y a de plus dans les Œuvres un certain nombre de discours qui ne contiennent que l’énumération des faits du moment ou quelques phrases purement propagandistes. Dans le présent recueil sont réunis les discours et les articles qui présentent avec le plus de relief l’attitude de Lénine devant les différents problèmes de la révolution bolchéviste.
La légende a grossi Lénine jusqu’au démesuré ; les bol-
