pourront le faire, parce que la puissance des Soviets est trop grande et qu’ils ont commencé à briser les vieux soutiens du régime bourgeois avec une énergie brutale peu aristocratique, une énergie prolétarienne et paysanne.
Le mot d’ordre : « Tout pouvoir à la Constituante » est aussi un compromis avec la mauvaise bourgeoisie. Les Soviets russes placent les intérêts des masses travailleuses bien plus haut que ceux de la compromission, fourbe, revêtue d’un nouvel habit. Les discours de Tchernov et de Tsereteli me parurent d’une antiquité vermoulue et moisie quand j’entendis ces acteurs finis réclamer en se lamentant la cessation de la guerre civile. Mais aussi longtemps qu’existe Kalédine, aussi longtemps que les paroles « tout pouvoir à la Constituante » cachent le mot d’ordre « à bas le Pouvoir Soviétique », nous ne pouvons éviter la guerre civile, parce que pour rien au monde nous ne céderons le Pouvoir Soviétique. Quand la Constituante manifesta le désir de remettre à plus tard toutes les questions pressantes, tous les problèmes que les Soviets lui posaient, nous lui avons déclaré que nous ne lui donnerions pas une minute de sursis. Par la volonté du Pouvoir Soviétique, la Constituante qui n’a pas reconnu le pouvoir du peuple, est dissoute. La misée de Riabouchinski[1] est perdue, et toute résistance ne fera que provoquer et envenimer un nouvel accès de guerre civile.
La Constituante est dissoute, et la Révolution Soviétique va triompher coûte que coûte (16).
Les membres de la Constituante ne firent aucun effort pour s’opposer au Gouvernement bolchéviste. Ils se dispersèrent dans leurs provinces. Cette issue brisa aussi la grève des fonctionnaires qui continua encore une quinzaine de jours, s’effrita et cessa peu à peu. Trois jours après la dissolution de la Constituante le IIIe Congrès des Soviets se réunit. Ce Congrès fut une sorte de parade triomphale des bolchéviks et de leurs alliés. Lénine y pré-
- ↑ Famille de commerçants bien connus à Moscou qui ont joué un rôle considérable dans les organisations du commerce et de l’industrie avant et pendant la révolution.
