leur pose cette question claire et simple : « Quel phénomène présentent les Soviets ? Qu’est-ce qui a motivé la naissance de ces organismes populaires qu’on n’avait encore jamais vus dans l’histoire de la révolution mondiale ? » Je n’ai reçu, ni n’ai pu recevoir aucune réponse précise à ces questions. Dans leur défense routinière des formes bourgeoises, ils luttent contre ces organisations puissantes qui ne se sont encore vues dans aucune révolution. Celui qui lutte contre les pomiestchiks, entre dans les Soviets des Délégués Paysans. Les Soviets englobent tous ceux qui ne veulent pas rester inactifs, qui travaillent et qui créent. Ils ont recouvert tout le pays d’un réseau épais, et plus épais sera ce réseau des Soviets populaires, moins sera possible l’exploitation des représentants du peuple travailleur, parce que l’existence des Soviets est inconciliable avec l’épanouissement du régime bourgeois ; c’est la cause de toute la résistance des bourgeois qui luttent contre nos Soviets exclusivement au nom de leurs propres intérêts.
Le passage du capitalisme au régime socialiste s’accomplit au milieu d’une lutte longue et acharnée. La révolution russe, renversant le tzarisme, a dû marcher toujours en avant, sans s’arrêter au triomphe de la révolution bourgeoise, parce que la guerre et les souffrances populaires inouïes qu’elle a engendrées avaient préparé le terrain pour l’explosion d’une révolution sociale ; rien n’est plus risible que l’affirmation que tout le développement ultérieur de la révolution, toutes les révoltes ultérieures des masses furent provoquées par un seul parti, un seul homme, par la volonté d’un « dictateur », ainsi qu’on le proclame. L’incendie de la révolution s’est propagé uniquement à cause de l’ignorance et des souffrances terribles de la Russie, à cause de toutes les conditions créées par la guerre qui a posé carrément ce choix devant le peuple ouvrier : ou bien un acte hardi, désespéré, téméraire, ou bien la perte, la mort par la faim…
La flamme révolutionnaire se manifeste dans la création des Soviets, de ce soutien de la révolution des travailleurs. Le peuple russe a fait un saut gigantesque — d’un bond,
