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vint lui-même à la séance, mais pour témoigner son mépris il n’occupa même pas sa place, il se coucha de tout son long dans le passage entre les travées, tantôt riant aux éclats, tantôt faisant semblant de dormir. Puis il se leva et sortit de la salle, laissant à ses aides de camp le soin « d’en finir ». La déclaration proposée par les bolchéviks fut rejetée par une majorité de voix considérable ; alors les bolchéviks et leurs alliés, les s. r. de gauche, déclarèrent qu’ils quittaient la Constituante pour remettre son sort dans les mains du Pouvoir des Soviets.

La Constituante siégea tard dans la nuit, sous les huées de la foule bolchéviste qui remplissait les tribunes. Enfin, le marin Jelezniak monta à la tribune du président, déclarant qu’il était temps d’en finir « parce que la garde voulait dormir. » Tchernov fit adopter à la hâte quelques lois et leva la séance. La Constituante ne s’est jamais plus réunie.

Le lendemain le Palais de Tauride était fermé. Lénine faisait adopter par le C. E. C. un décret dissolvant la Constituante. A cette occasion il prononça le discours suivant :

Camarades, le conflit entre le Pouvoir Soviétique et la Constituante fut préparé par toute l’histoire de la révolution russe qui se trouve devant la tâche inouïe de la reconstruction socialiste de la société. On ne pouvait douter, après lés événements de 1905, que le tzarisme vivait ses derniers jours ; ce n’est que grâce à la campagne arriérée et ignorante qu’il a pu se sauver de l’abîme.

Dans la révolution de 1917, d’une part le parti de la bourgeoisie impérialiste se transforma, parla force des choses, en parti républicain, d’autre part surgirent des organisations démocratiques, les Soviets, nées déjà en 1905, car les socialistes avaient compris dès ces temps-là qu’avec les Soviets quelque chose de grand, de nouveau, d’inconnu jusqu’alors entrait dans l’histoire de la révolution mondiale. Les Soviets que le peuple a su créer lui-même, c’est une forme de la démocratie qui n’a son égale dans aucun pays.

La révolution a mis en avant deux forces ; l’union des masses pour le renversement du tzarisme et les organisations du peuple travailleur. Quand j’entends les adversaires de la révolution d’octobre pousser de hauts cris sur l’impossibilité d’application, sur l’utopie des idées socialistes, je