Lénine termine son article en soulignant l’importance du contrôle ouvrier-paysan pour la solution de tous ces problèmes.
L’autre article, écrit à propos des mémoires de l’internationaliste Soukhanov sur la révolution d’octobre, contient dans quelques lignes toute la philosophie révolutionnaire opportuniste de Lénine.
Vous décrétez : Pour créer le socialisme il faut être civilisés. Très bien. Mais pourquoi ne pourrions-nous pas commencer par créer les prémisses de la civilisation, telles que l’expulsion des propriétaires fonciers et des capitalistes russes, quitte à nous acheminer ensuite vers le socialisme ? Dans quels bouquins avez-vous pris la certitude qu’un détour pareil du courant historique habituel est inadmissible ou impossible ?
Il me revient, que Napoléon écrivait : « On s’engage et puis on voit ». En paraphrase libre, cela signifie : « Il faut commencer par engager une lutte sérieuse, dans la suite on verra ce qui en advient ». C’est ce que nous fîmes en octobre 1917, en engageant une lutte sérieuse ; ce n’est que dans la suite que nous avons discerné les détails de l’évolution (au point de vue de l’histoire mondiale ce ne sont que des détails) tels que la paix de Brest, la NEP, etc. Présentement il n’y a plus de doute : dans l’essentiel nous avons remporté la victoire.
Nos soukhanovs, sans parler des socialistes plus à droite encore, n’ont pu même s’imaginer comment se passaient en réalité les révolutions. Nos bourgeois européens ne s’imaginent pas non plus que les révolutions à venir dans les pays d’Orient, infiniment plus peuplés et plus complexes au point de vue social, leur présenteront encore bien plus d’originalité que la révolution russe.
Le manuel d’après Kautsky fut un instrument utile pour son temps. Mais le moment est venu de renoncer à l’idée que ce manuel a prévu toutes les formes du développement ultérieur de l’histoire mondiale. Il serait temps de déclarer que ceux qui pensent de la sorte ne sont que des sots vulgaires (76).
