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nistes ne savent point porter secours à la masse paysanne, elle ne les soutiendra plus. Ce n’est pas la législation, ce n’est pas la perfection de nos décrets qui doit être notre plus grand souci. Pendant toute une période, les décrets furent une des formes de notre propagande. On se moquait de nous en disant que les bolchéviks ne comprennent pas que leurs décrets ne s’exécutent pas ; toute la presse des gardes-blancs était remplie de railleries à ce sujet. Mais cette tactique fut légitime ; les bolcheviks, en prenant le pouvoir, dirent au paysan et à l’ouvrier : « Voilà comment nous aurions voulu que l’État fut gouverné ; lisez ce décret, essayez-le ». Nous exposions nos conceptions politiques sous la forme de décrets pour les mettre à la portée de l’ouvrier et du paysan moyen. Cela nous a conquis la confiance la plus large, et nous la possédons encore parmi les masses. Cette étape, cette période était indispensable au début de la révolution, sans cela nous n’aurions pas été à la tête de la guerre révolutionnaire, mais serions restés à sa remorque. Mais cette période est passée ; et voilà que nous ne voulons pas le comprendre ! Maintenant, les paysans et les ouvriers ne feront que rire si on leur prescrit par décret de construire, de réorganiser une institution quelconque. Maintenant, cela n’intéresserait plus ni l’ouvrier ni le paysan, et ils ont raison, le centre de gravité n’est plus dans tout cela. Toi, le communiste, tu dois aller au peuple avec quelque chose d’autre, quoique nous devions nous occuper toujours de ces peccadilles-là dans nos institutions ; le chaînon qu’il faut saisir n’est pas là, le clou n’est pas là, le clou, c’est que les hommes ne sont pas à leurs places, que le communiste qui a vaillamment rempli sa tâche révolutionnaire est attaché à une entreprise industrielle ou commerciale à laquelle il n’entend rien du tout, qu’il ne fait que masquer la réalité parce que des escrocs et des affairistes s’abritent admirablement derrière son dos. Ce dont il s’agit, c’est qu’il n’y a aucune vérification pratique de tout ce qui se fait. C’est une tâche prosaïque, mesquine, ce sont des petites besognes, mais nous nous trouvons, après le plus grand bouleversement politique, dans une situation où nous devons vivre