au point de vue socialiste et la désignaient du nom de sabotage.
Entre temps les élections à la Constituante s’étaient poursuivies. Les bolcheviks ne les avaient point entravées, mais l’anarchie dans le pays communiquait une lenteur extrême aux opérations compliquées du recensements des votes d’après le système proportionnel de d’Hondt. A la date fixée pour la réunion de la Constituante par le Gouvernement Provisoire — le 11 décembre — seulement une cinquantaine de députés sur 800-900 s’étaient réunis à Pétrograd. Les élections donnaient une majorité absolue au parti socialiste-révolutionnaire. Les bolchéviks recueillaient près de 30 % des voix. Ils eurent un mois entier pour se préparer à la réunion de la Constituante. Ce n’est que le 18 janvier qu’elle se réunit.
Les bolchéviks avaient forgé différents plans pour limiter le pouvoir de la Constituante. D’abord ils avaient déclaré les « cadets » — seul grand parti bourgeois du moment — « hors la loi » ; ils emprisonnèrent tous les députés cadets sur lesquels ils purent mettre la main. Le nombre de cadets élus à la Constituante étant insignifiant, cela ne changeait pas la situation. Ensuite le C. E. C. vota un décret donnant aux Soviets des provinces le droit de retirer aux députés leurs mandats. Mais cette procédure lente ne leur suffisait pas. Plantés par le souvenir de la Convention qui avait subi le joug de la Commune de Paris, ——jusqu’au 9 Thermidor, les bolchéviks décidèrent de se défaire de la Constituante sans tarder.
Lénine rédigea une « déclaration des droits du peuple travailleur et exploité » qui devait être proposée à l’adoption de la Constituante : si elle l’acceptait, c’était la soumission au pouvoir des Soviets, si elle la rejetait, ce serait la dissolution de la Constituante :
Déclaration des Droits du peuple travailleur et exploité.
Le C. E. C. adopte ce qui suit :
La Constituante décrète :
1° La Russie est proclamée République des Soviets de Délégués d’Ouvriers, de Soldats et de Paysans. Tout pouvoir sur place appartient à ces Soviets ;
