Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/369

Cette page n’a pas encore été corrigée

existe, la plus grande invention historique est faite, l’État prolétarien est créé, et l’Europe entière, tous les milliers de journaux bourgeois peuvent raconter ce qu’ils veulent au sujet de nos sévices et de notre misère, les ouvriers du monde entier gravitent vers l’État des Soviets. Telles sont les grandes conquêtes que nous avons accomplies et qui sont imprescriptibles. Mais pour nous, qui représentons le parti communiste, cela veut dire seulement que nous avons ouvert la porte. Le problème qui se pose devant nous, c’est de jeter les fondements de l’économie socialiste. Est-ce fait ? Non, cela n’est pas fait. Nous n’avons pas encore de base socialiste. Les communistes, qui s’imaginent que cela existe déjà, tombent dans la plus grande des erreurs. Il s’agit de délimiter fermement, clairement et sûrement les mérites de la révolution russe dans l’histoire mondiale, — de tout ce que nous faisons si mal, de ce qui n’est même pas encore créé, de ce que nous devrons encore refaire bien des fois.

Les événements politiques sont toujours embrouillés et complexes. On peut les comparer à une chaîne ; pour saisir cette chaîne il ne suffît pas de s’accrocher à un chaînon quelconque. On ne peut pas librement choisir le chaînon auquel on peut s’accrocher. Quel était le clou de la situation en 1917 ? Il fallait sortir de la guerre ; tout le peuple le réclamait et cette revendication couvrait toutes les autres. La Russie révolutionnaire a su sortir de la guerre. Les efforts furent considérables, mais le besoin essentiel du peuple fut satisfait et c’est ce qui nous a donné la victoire pour de longues années.

Le peuple a senti, le paysan a vu, tout soldat revenant du front a su parfaitement que le pouvoir des Soviets est un pouvoir plus démocratique, plus rapproché des masses. Nous pouvions faire mille sottises et mille fautes dans les autres domaines — si nous avons su comprendre cette tâche principale, tout a été bien fait.

Qu’est-ce qui a été le clou en 1919-1920 ? La résistance militaire. On nous assaillait, l’Entente tout entière nous prenait à la gorge ; toute propagande était superflue. Le