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autonomes, et non seulement dans les capitales, des choses pareilles, et cent fois pires encore, se font tous les jours.

Nous devons nous rappeler dans notre lutte que le communisme doit être réfléchi. Les communistes savent parfaitement vous expliquer la lutte révolutionnaire dans le monde entier. Mais pour sortir de notre état de misère et d’indigence atroce, il faut être réfléchi, cultivé, honnête — et cela, ils ne le savent pas. Si nous disions des communistes responsables qu’ils sont malhonnêtes dans leurs actions, ce serait injuste. La grande majorité d’entre eux — 99 % — sont des gens consciencieux ; ceux-ci ont prouvé leur dévouement à la révolution dans les conditions les plus difficiles, avant la chute du tsarisme aussi bien qu’après la révolution, qui ont réellement, pas au figuré, offert leurs vies en sacrifice. Mais ce qu’il faut maintenant, c’est savoir aborder l’affaire la plus simple dans un esprit civilisé ; il faut comprendre que c’est une affaire de commerce national, que s’il y a des obstacles, il faut savoir les écarter et que les coupables doivent être mis en jugement. Je crois que le tribunal prolétarien saurait châtier les coupables — mais pour châfier il faut les trouver et je gage qu’on ne peut trouver de coupables. Regardez bien cette affaire — point de coupables ; une cohue, un chaos, un charivari… Personne chez nous ne sait faire les affaires, personne ne comprend comment il faut aborder les affaires d’État. Et les gardes-blancs, les saboteurs en profitent. Nous avons eu une période de lutte acharnée contre les saboteurs ; elle est encore à l’ordre du jour ; nul doute que les saboteurs existent et qu’il faut les combattre. Mais comment voulez-vous le faire quand la situation est telle que je l’ai décrite ? C’est pire que du sabotage, le saboteur n’a qu’à regarder comme deux communistes se disputent entre eux sur la question de savoir à quel moment il faut s’adresser au Polit-Bureau pour lui demander des directives de principe sur les achats de vivres. Tout saboteur passera par cette fente-là. Si un saboteur tant soit peu intelligent se met à côté de l’un ou de l’autre communiste, ou des deux tour à tour, et qu’il les appuie, alors c’en est fini. L’affaire est perdue à tout jamais. A qui