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gouvernement. Pour se faire obéir il doit envoyer dans chaque cas un détachement spécial de soldats et d’ouvriers armés. Néanmoins, du fait que les Allemands avaient consenti aux pourparlers de paix, la première manche était gagnée par les bolchéviks. L’armée, avide de paix, voyait que ce pouvoir, quel qu’il fût, lui donnait la paix, et toutes les tentatives de le renverser s’évanouirent.

Privé de moyens d’exécution, le Pouvoir des Soviets se rattrapait sur le papier : les décrets pleuvaient, les questions les plus compliquées étaient abordées et résolues en théorie en un clin d’œil : les droits des nationalités, le contrôle ouvrier sur les usines ; un Conseil Economique National, qui devait gérer toute la vie économique du pays.

Un jour, le 27 décembre, toutes les banques à Pétrograd furent occupées par les détachements de la garde rouge, qui s’emparèrent de toutes les clés et restèrent dans les locaux jusqu’au lendemain. Cette mesure de surprise devait instaurer le régime de la nationalisation des banques ; les bolchéviks redoutaient que les banquiers prévenus à l’avance pussent évacuer le contenu de leurs caisses et des coffres-forts. Le soir du même jour le Conseil Exécutif Central des Soviets fut saisi du décret sur la nationalisation des banques. Les orateurs non bolchévistes (quoique socialistes de gauche) critiquaient sévèrement cette mesure. Lénine leur répondit par un discours :

Toutes les mesures proposées dans ce décret ne sont que les garanties d’un contrôle effectif.

Vous nous dites que le mécanisme (des banques) est compliqué, et qu’il est fragile, que la question est très complexe — ce sont des vérités élémentaires que nul n’ignore. Mais quand on les applique pour freiner toute initiative socialiste — alors nous déclarons que ceux qui le font sont des démagogues nuisibles.

Nous voulons entreprendre une révision des coffres-forts, on nous déclare au nom de spécialistes savants que nous n’y trouverons que des documents et des titres nominatifs. Quel mal y aurait-il donc à ce que les représentants du peuple les contrôlent ?

Si c’est ainsi, pourquoi tous ces critiques experts et savants se cachent-ils ? A toute discussion au Soviet, ils nous décla-