Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce moyen de contrôle, de contrainte au travail est plus efficace que les lois de la Convention avec sa guillotine. La guillotine ne faisait qu’intimider ; elle brisait seulement la résistance active. Cela ne nous suffit pas.

Cela ne nous suffit pas. Nous ne voulons pas nous borner à « intimider » les capitalistes en ce sens qu’ils ressentent l’omnipotence de l’État prolétarien et qu’ils oublient toute velléité de résistance. Nous voulons briser aussi la résistance passive, plus dangereuse et plus nuisible encore. Non seulement nous devons briser toute résistance : nous devons forcer à travailler dans le nouveau cadre de l’État. Il ne suffit pas de « chasser » les capitalistes ; il faut les mettre au service de l’État nouveau (en éliminant les incapables et les récalcitrants obstinés). C’est ce qu’il faut faire en ce qui concerne les capitalistes, les couches supérieures des intellectuels-bourgeois, des fonctionnaires, etc.

Nous avons un moyen pour cela. L’État capitaliste en guerre nous a donné lui-même cette arme dans la main. Ce moyen — c’est le monopole du pain, c’est la carte de pain, c’est le travail obligatoire. Celui qui ne travaille pas ne mange pas — voici la règle essentielle, la règle primordiale et principale, que les Soviets des Délégués Ouvriers vont appliquer quand ils seront au pouvoir (10).

Lénine préconise l’introduction d’un livret de travail pour les riches.

On nous dit que le prolétariat ne pourra pas mettre en mouvement le mécanisme de l’Etat.

Après la révolution de 1905, 130.000 pomiestchiks[1] ont gouverné la Russie ; ils l’ont gouvernée par des violences sans borne contre 150 millions d’hommes, par des tracasseries sans fin en contraignant la majorité énorme à un travail de forçats et à une existence proche de la famine. Et l’on nous dit que 240.000 membres du parti bolchévik ne pour-

  1. Stolypine ayant déclaré à une séance de la IIe Douma qu’on ne pouvait léser les droits de 130.000 propriétaires en confisquant leurs terres, la formule de « 130.000 pomiestchiks » devint un lieu commun dans le vocabulaire des partis de gauche russes.