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terre, la machine de l’État bourgeois, fût-il par-dessus le marché républicain et démocratique, aussi bien que l’armée permanente, la police, le fonctionnariat, en les remplaçant par une machine plus démocratique, mais toujours encore une machine d’État qui trouve son expression dans les masses ouvrières armées et l’armement du peuple entier sous forme de milice.

Ici, « la quantité se transforme en qualité » : un degré pareil de démocratisme dépasse le cadre de la société bourgeoise et constitue le début de sa transformation socialiste. Si tous, véritablement tous, participent à l’administration de l’État, le capitalisme doit succomber. Le développement du capitalisme à son tour crée les prémisses de la participation véritable de tous à l’administration de l’État. A ces prémisses appartient l’instruction pour tous, réalisée déjà dans les pays capitalistes avancés, ensuite, l’apprentissage à la discipline des millions d’ouvriers qui sont modelés par l’énorme mécanisme nationalisé complexe de la poste, des chemins de fer, de la grande industrie, du commerce de gros, des banques, etc., etc.

Sous ces prémisses économiques, il est parfaitement possible de remplacer, du jour au lendemain, les capitalistes et les fonctionnaires qu’on a vaincus, par des ouvriers armés, par tout le peuple en armes, dans la tâche du contrôle de la production et de la distribution, dans la tâche du recensement du travail et de ses produits. (Il ne faut pas confondre la question du recensement et du contrôle avec la question du personnel technique hautement instruit, des ingénieurs, des agronomes, etc., ces messieurs travaillent bien à l’heure présente en obéissant aux capitalistes ; demain, ils travailleront encore mieux, obéissant à des ouvriers armés.)

Le recensement et le contrôle — voilà l’essentiel de ce qui est nécessaire pour le fonctionnement régulier de la société communiste dans sa première phase. Tous les citoyens deviennent des employés embauchés par l’État, qui est personnifié par des ouvriers armés. Tous les citoyens deviennent ouvriers et employés d’un seul « syndicat » — de l’État. Il faut veiller à ce qu’ils travaillent le même nombre d’heures,