de travail supplémentaire, qui pousse à comparer le salaire qu’on reçoit avec celui d’autrui, — cet horizon étroit sera dépassé. La distribution des produits ne devra plus être restreinte par la société ; chacun prendra librement « selon ses besoins ».
Du point de vue de la bourgeoisie, c’est « de l’utopie pure » ; rien n’est plus facile que de faire des gorges chaudes, en disant que les socialistes promettent à chaque citoyen qu’il pourra prendre, sans que son travail soit contrôlé par la société, la quantité voulue de truffes, d’automobiles ou de pianos. La plupart des « savants » bourgeois se complaisent dans cette ironie facile, en prouvant leur ignorance en même temps que leur qualité de défenseurs intéressés du capitalisme.
Dans sa première phase, sur son premier échelon, le communisme ne pourra pas être entièrement mûr, entièrement libre des traditions ou des traces du capitalisme. Voilà pour* quoi dans la première phase du communisme on trouve le phénomène curieux de la survivance de « l’horizon étroit du droit bourgeois » par rapport à la distribution des produits de consommation. Le droit bourgeois suppose inévitablement un État bourgeois, car le droit n’est rien sans l’appareil qui peut contraindre à observer les normes de ce droit.
Donc, sous le régime du communisme, non seulement le droit bourgeois, mais même l’État bourgeois — sans bourgeoisie ! — va subsister pendant un certain espace de temps. Gela peut paraître un paradoxe ou un jeu dialectique de l’esprit, ce dont accusent souvent le marxisme les hommes qui ne se sont pas donné la peine d’étudier son contenu excessivement profond.
En réalité, les restes de l’ancien dans le nouveau se laissent voir à chaque pas dans la vie : dans la nature ainsi que dans la société. Et Marx n’a pas arbitrairement fourré un morceau de « droit bourgeois » dans le communisme, mais il y admit ce qui était inévitable dans une société issue du capitalisme, au point de vue politique aussi bien qu’économique.
