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à la révolution mondiale, une période inévitable pour le pays qui s’était engagé en avant, si arriéré et si peu développé qu’il fût.

Cela, c’est un des résultats les plus essentiels au point de vue du dénouement de la guerre impérialiste. Un autre résultat non moins important — que j’ai mentionné au début — c’est que l’impérialisme anglo-américain a commencé à se démasquer comme le fit naguère l’impérialisme austro-allemand. Nous voyons maintenant que si l’Allemagne au temps des pourparlers de Brest avait su se maîtriser, conserver son sang-froid, s’abstenir de tout esprit d’aventure, elle aurait pu maintenir sa prépondérance et se créer assurément une position avantageuse à l’Ouest. Elle ne l’a pas fait, parce qu’une machine comme une guerre de millions et de dizaines de millions d’hommes, une guerre où les passions chauvines sont chauffées à blanc, une guerre liée à des intérêts capitalistes qui se chiffrent par centaines de milliards, une telle machine lancée à toute vitesse ne se laisse plus freiner. Cette machine roula plus loin que ne l’entendaient les impérialistes allemands eux-mêmes et dans sa marche elle les écrasa. Ils se sont enlisés ; ils ont été pareils à l’homme qui a trop mangé et qui s’est perdu par cela. Et voilà que l’impérialisme anglo-américain se trouve dans ce même état, qui n’est pas beau, mais qui est très utile au point de vue du prolétariat révolutionnaire. On pouvait croire que ces gens-là avaient une plus grande expérience politique que l’Allemagne. Là, ce sont des hommes habitués au gouvernement démocratique, ce ne sont pas des Junkers quelconques, il y a des centaines d’années que ces pays sont sortis de la période la plus sombre de leur histoire. On pouvait croire que ces gens-là conservaient leur sang-froid. Si nous avions débattu cette question (pourront-ils conserver leur sang-froid ?) du point de vue individuel, comme des professeurs bourgeois, qui n’ont rien compris à la lutte entre l’impérialisme et la classe ouvrière, si nous l’avions débattue du point de vue de la démocratie en général, nous aurions dû conclure que l’Angleterre et l’Amérique étaient des pays que la démocratie