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éléments antibolchévistes profitèrent de la situation, proclamèrent leur alliance avec les Tchécoslovaques, formèrent leurs détachements. Le 30 mai, Trotzki avait publié son ordre sur le désarmement des Tchécoslovaques. Dix jours plus tard le pouvoir des Soviets était supprimé dans toute la zone du Volga moyen. Un gouvernement provisoire composé de membres de la Constituante était constitué à Samara. Les bolchéviks étaient coupés de la Sibérie. Leurs forces locales succombèrent bientôt dans la lutte contre la population sibérienne soulevée et vers le mois de juillet toute la ligne du Transsibérien de Vladivostok au Volga était aux mains des antibolchévistes et des Tchécoslovaques.

A Moscou même, le sol devenait brûlant. Dans les milieux antibolchévistes régnait pourtant la discorde : c’était le moment de la lutte des « orientations ». Les uns pensaient renverser les bolchéviks, à l’instar de l’Ukraine, avec l’aide des Allemands ; les autres se prononçaient pour la fidélité aux alliés, — le mouvement tchécoslovaque leur fut un appui considérable.

Le Ve Congrès des Soviets s’ouvrit dans une atmosphère orageuse. Le lendemain de son ouverture, le 6 juillet, les s. r. de gauche assassinèrent l’ambassadeur allemand, le comte Mirbach, saisirent le centre de la ville de Moscou, proclamant que la paix de Brest était dénoncée, et braquèrent leurs canons sur le Kreml où siégeait le gouvernement des Soviets. La révolte, mal organisée, s’effondra d’elle-même. Mais à la même date l’insurrection triomphait dans la ville de Iaroslavl et dans plusieurs autres centres de moindre importance. Le commandant des troupes soviétiques sur le front tchécoslovaque, le colonel Mouraviev, s. r. de gauche, suivit les instructions de son parti et donna à ses troupes l’ordre de s’unir aux Tchécoslovaques contre les Allemands. Mouraviev fut tué trois jours plus tard, mais son ordre avait été partiellement suivi.

La révolte de Iaroslavl fut réprimée, mais quelques jours plus tard les Tchécoslovaques, progressant sur le Volga, s’emparaient de Kazan ; plus au Nord, ils occupaient Ekaterinbourg où les bolchéviks venaient de massacrer le Tsar et toute la Famille Impériale, annonçant lâchement que le Tsar seul avait été fusillé, que sa famille avait été transportée « dans un lieu sûr ».

Dès ce moment, ce fut la terreur, la vraie. A Moscou et à Pétrograd tous les officiers démobilisés furent appelés pour être « enregistrés ». Ce fut un guet-apens. Tous ceux qui vinrent furent