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tance à ces « croisés prolétariens », tel fut le tableau dans toute la Russie du centre au cours de l’été 1918.

Dans un discours au C. E. C. des Soviets, Lénine souligna la nécessité de ces expéditions :

…Nous n’avons pas de police, nous n’aurons pas de caste militaire spéciale, nous n’avons pas d’autre appareil que l’union des ouvriers. Ge sont eux qui feront sortir la Russie de cette passe désespérée. L’union des ouvriers, l’organisation d’équipes ouvrières, l’organisation des affamés des régions non-agricoles faméliques — nous les appelons tous, notre commissariat de ravitaillement s’adresse à eux, nous leur disons : en croisade pour trouver du pain ! en croisade contre les mercantis, contre les koulaks, pour le rétablissement de l’ordre !

…La force physique ne suffît pas seule, certes, pour l’action sur les masses. Mais nous avions besoin de cette force physique parce que nous érigeons la dictature, nous instaurons la violence contre les exploiteurs. Celui qui ne comprend pas cela, nous le rejetons avec mépris, pour ne pas perdre de temps à discourir sur les formes du socialisme (27).


En même temps un autre danger pour le pouvoir des Soviets avait surgi d’une façon entièrement inattendue. Les troupes tchécoslovaques recrutées parmi les prisonniers de guerre autrichiens ne voulurent pas cesser la lutte contre les Allemands et demandèrent au gouvernement soviétique F autorisation de se rendre par Archangel sur le front Ouest. Le gouvernement des Soviets leur proposa la voie par Vladivostok. Leur transport se poursuivait donc, quand un conflit surgit. Parmi les Tchécoslovaques se propagea la nouvelle qu’on allait les désarmer parce que l’Allemagne l’exigeait. De là à conclure qu’on allait les livrer aux Allemands et aux Autrichiens — cela aurait été le peloton d’exécution — il n’y avait qu’un pas. Les Tchécoslovaques décidèrent d’opposer la résistance aux tentatives de désarmement. Devant la première velléité de résistance, les détachements de la garde rouge se dispersèrent et les Tchécoslovaques, sans l’avoir voulu, se trouvèrent maîtres d’un grand nombre de villes et de stations de chemin de fer dans l’Est de la Russie et en Sibérie. Aussitôt les