l’architecte de l’État du travail. Piter a donné milliers sur milliers de ses meilleurs ouvriers au village ; les autres centres prolétariens firent de même. Les détachements de combat contre Kalédine et Doutov, les équipes de ravitaillement ne sont pas une nouveauté. Ce qui est nouveau, c’est le fait que l’imminence d’une catastrophe, le désespéré de la situation, nous obligent à faire dix fois plus que naguère.
L’ouvrier en devenant le chef, le conducteur, des pauvres, ne devint pas un saint. Il conduisit le peuple en avant, mais il fut contaminé par les miasmes de la décomposition de la petite bourgeoisie. Les détachements ouvriers se décomposèrent d’autant plus vite que leur nombre était minime, bien que recrutés parmi les ouvriers les plus conscients, les plus disciplinés et les plus fermes ; l’élément du passé, la petite bourgeoisie, triompha de la conscience communiste prolétarienne de l’avenir.
La classe ouvrière en déclenchant une révolution communiste ne peut secouer d’un seul coup toutes les faiblesses et tous les vices hérités de la société des pomiestchiks et des capitalistes, de la société des exploiteurs et des profiteurs, de la société crapuleuse et égoïste où le profit était pour quelques-uns et la misère pour le plus grand nombre. Mais la classe ouvrière vaincra (sa victoire finale un jour est même assurée) le vieux monde, ses vices et ses faiblesses, si nous lançons contre l’ennemi des troupes d’ouvriers plus nombreux, plus expérimentés, mieux rompus aux besoins de la tâche.
Telle est la situation en Russie. On peut vaincre isolément la famine et le chômage. Une « croisade » d’ouvriers en masse, jusqu’aux confins du pays, devient nécessaire. Il faut décupler le nombre des bataillons de fer du prolétariat conscient, des adeptes fervents du communisme. Alors, famine et chômage seront vaincus. Alors, nous élèverons notre révolution jusqu’au seuil du vrai socialisme. Alors nous serons en mesure de nous défendre victorieusement dans une guerre contre les brigands impérialistes (26).
Ces expéditions d’ouvriers armés à la campagne furent le début d’une lutte dans tout le pays. Les révoltes paysannes, la résis-
