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pour pouvoir expliquer la situation aux millions de pauvres dans tout le pays, pour pouvoir se mettre à la tête de ces pauvres — assez disciplinés pour expulser impitoyablement de leur milieu, pour fusiller quiconque se laisserait « tenter » — cela arrive ; les tentations de la spéculation transforment parfois le champion de la cause du peuple en pillard vulgaire — assez fermes et fidèles à la révolution pour supporter de manière organisée toutes les fatigues d’une campagne menée jusqu’aux confins du pays pour y rétablir l’ordre, pour raffermir les organes locaux du Pouvoir Soviétique, pour surveiller sur place tout poud de blé, tout poud de combustible.

C’est plus difficile à faire que de faire preuve d’héroïsme quelques jours durant, sans quitter son domicile, sans partir en campagne, plus difficile, cela, qu’une flambée de révolte contre l’idiot féroce Romanov ou ce hâbleur imbécile de Kerenski ! L’héroïsme d’un travail organisateur continu et assidu dans tout l’État est infiniment plus difficile ; il vaut aussi infiniment plus qu’un héroïsme d’insurrection. Mais ce fut toujours le côté fort des partis ouvriers et de la classe ouvrière que de savoir regarder le danger toujours droit en face sans broncher : qu’ils ne craignent pas d’observer ; qu’ils mesurent froidement les forces dans leur camp et dans celui des exploiteurs. La révolution marche en avant ; elle se développe, elle croît. Les problèmes qu’elle pose grandissent avec elle. La lutte gagne en largeur et en profondeur. La distribution juste du pain et du combustible, l’augmentation de leur production ; leur recensement, leur contrôle le plus strict de la part des ouvriers et dans tout l’Etat — tout cela, c’est véritablement la phase préparatoire du socialisme, ce ne sont plus des problèmes révolutionnaires tout court mais des problèmes communistes ; c’est le terrain où les travailleurs et les pauvres doivent livrer un combat décisif au capitalisme.

A ce combat il faut consacrer toutes nos forces ; grandes sont les difficultés mais grande aussi est la tâche pour laquelle nous luttons : l’abolition de toute oppression, de toute exploitation.