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Les demi-mesures ne suffiront pas. Les plaintes ne mèneront à rien. Les tentatives de s’approvisionner en pain ou en combustible au « détail » pour soi-même, c’est-à-dire pour « son » usine à soi, pour « son » atelier, etc…, ces tentatives ne font qu’accroître l’anarchie et facilitent aux mercantis leur besogne abominable et sinistre. .

Voilà pourquoi je me permets de m’adresser à vous, camarades, ouvriers de Piter. Piter, ce n’est pas la Russie. Les ouvriers de Piter ne sont qu’une part minime des ouvriers de Russie. Mais ils sont une de leurs meilleures équipes, des plus conscientes, des plus révolutionnaires, des plus fermes, des moins sensibles à la phrase vide de sens, au lâche désespoir, aux menaces de la bourgeoisie qui voudrait intimider la classe ouvrière et tous les travailleurs en Russie. Au moment critique de la vie des peuples, des corps peu nombreux des classes avancées ont maintes fois entraîné les autres à leur suite, ranimé la flamme de l’enthousiasme révolutionnaire des masses et accompli les plus hauts exploits historiques. Nous étions 40.000 à l’usine Poutilov — me disait le délégué des ouvriers de Piter, — mais la majorité, c’étaient des ouvriers « temporaires », des gens flous, peu sûrs, ce n’étaient pas de vrais prolétaires. Maintenant il n’en reste que 15.000, mais ce sont des prolétaires éprouvés et trempés à la lutte. C’est cette avant-garde révolutionnaire, à Piter ainsi que dans le reste du pays, qui doit lancer le cri d’appel, qui doit se lever en masse, qui doit comprendre que le salut du pays est entre ses mains. Elle doit donner des preuves d’héroïsme non moindres qu’en janvier et en octobre 1905, en février et en octobre 1917. Il faut organiser une grande croisade contre les spéculateurs du pain, les koulaks, les accapareurs, les désorganisateurs, les corrupteurs, la grande croisade contre ceux qui enfreignent l’ordre révolutionnaire en ce qui concerne la récolte, le transport, la distribution du pain pour les hommes et du « pain » pour les machines.

Seule, une levée en masse des ouvriers avancés peut sauver le pays et la révolution. Il faut des dizaines de mille d’avant-gardistes, de prolétaires éprouvés, assez conscients