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Ce parti sans caractère est le reflet politique d’un phénomène qu’on peut observer dans la vie même, quand le koulak ameute les pauvres contre le Pouvoir Soviétique, quand il achète leur concours, quand il donne un poud de blé à un paysan pauvre pour trois roubles quand la taxe est de six, afin que ce pauvre corrompu « goûte » de la spéculation, qu’il « profite » de la vente spéculative de ce poud pour 150 roubles, et qu’il clame à son tour contre les Soviets qui interdisent le commerce privé en céréales.

Celui qui est capable de réfléchir si peu que ce soit comprendra sur quelles lignes s’engage la lutte. Ou bien les ouvriers conscients, les avancés, vaincront en unissant autour d’eux la masse des pauvres, en instaurant un ordre de fer, un pouvoir implacablement sévère, une vraie dictature du prolétariat, forceront le koulak à se soumettre, introduiront une répartition régulière du pain et du combustible dans tout l’État ; — ou bien la bourgeoisie, avec l’aide des koulaks et le soutien indirect des gens sans caractères et des bavards futiles (des s.-r. de gauche et des anarchistes) jettera à bas le Pouvoir Soviétique pour installer un Kornilov russo-allemand ou russo-japonais qui donnera au peuple la journée de 16 heures, 50 grammes de pain par semaine, des fusillades en masse, des tortures dans les prisons, comme cela se fait en Finlande et en Ukraine.

L’un ou l’autre !

Pas de solution moyenne entre ces deux !

Le pays est réduit aux pires extrémités. Celui qui observe la vie politique doit voir que les cadets, les s.-r. de droite et les menchéviks se concertent entre eux sur la question de savoir si c’est un Kornilov russo-allemand ou russo-japonais qui serait le plus « agréable », si c’est un Kornilov couronné ou un Kornilov républicain qui pourrait écraser la révolution plus sûrement et radicalement.

Il est temps que tous les ouvriers conscients, tous les ouvriers d’avant-garde s’entendent entre eux.

Il est temps qu’ils se lèvent et qu’ils comprennent que toute minute de temporisation menace de ruiner le pays et de perdre la révolution.