Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

pays s’appelle la République Socialiste des Soviets — cela donne bien à penser à tout ouvrier et paysan conscients.

« Celui qui ne travaille point ne mange point » — comment appliquer cela dans la vie ? Il est clair comme le jour que pour l’application de cette maxime dans la vie sont nécessaires : en premier lieu, le monopole d’État sur le blé, c’est-à-dire l’interdiction absolue de tout commerce privé en céréales, la livraison obligatoire de tous les excédents de pain à l’État au prix fixé d’avance, l’interdiction absolue de tout accaparement, de tout recel de réserves de pain. En second lieu, s’impose un recensement rigoureux de tous les excédents de blé et le transport régulier de ces excédents vers les régions déficitaires en pain, ainsi que la constitution de réserves pour la consommation, pour l’ensemencement. En troisième lieu, il faut organiser une répartition de pain régulière et juste, sans privilèges ni avantages pour le riche, parmi tous les citoyens de l’Etat, sous le contrôle du pouvoir ouvrier prolétarien.

On n’a qu’à réfléchir un brin sur ces conditions de la victoire sur la famine pour comprendre la stupidité infinie des bavards méprisables de l’anarchisme, qui veulent nier la nécessité d’un pouvoir d’État (implacablement sévère contre la bourgeoisie, implacablement ferme envers les désorganisateurs du pouvoir) pour le passage du capitalisme au communisme, pour la libération des travailleurs de toute oppression et de toute exploitation. C’est maintenant surtout, quand notre révolution vient d’aborder directement, dans la réalité, en pratique, la tâche de la réalisation du socialisme, — et c’est là son mérite impérissable — c’est surtout maintenant et dans la question la plus essentielle, la question de la famine, que la nécessité d’un pouvoir révolutionnaire de fer, de la dictature du prolétariat apparaît claire comme le jour : il doit organiser la récolte, le transport, la distribution des vivres sur une échelle nationale des plus vastes, il doit tenir compte des besoins de dizaines et de centaines de millions d’hommes ; il doit calculer les conditions et les résultats de la production une ou plusieurs années à l’avance (car il y a des