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vinces industrielles, que la famine atroce frappe aux portes des ouvriers et des pauvres en général.

A côté de ces faits, nous voyons une spéculation effrénée sur le blé et les autres matières comestibles. Ce n’est pas le manque de pain en Russie qui cause la famine, c’est la lutte finale décisive que la bourgeoisie et les riches livrent au Pouvoir Soviétique, à l’état ouvrier, sur cette question la plus importante et la plus aiguë, la question du pain. La bourgeoisie et les riches, surtout les richards de village, les koulaks, battent en brèche le monopole du blé, désorganisant la distribution du pain par l’État qui l’assurait dans l’intérêt du ravitaillement de la population entière, en premier lieu des ouvriers, des travailleurs, des nécessiteux. La bourgeoisie supprime les taxes, elle spécule sur le pain, elle gagne 100, 200 roubles par poud et plus encore, elle ruine le monopole des blés et la distribution régulière du pain, elle les ruine par les pots de vin, par la corruption, par le soutien qu’elle accorde à tout ce qui peut perdre le premier pouvoir ouvrier, qui s’efforce de lui appliquer la première maxime fondamentale qui est la base du socialisme : « Celui qui ne travaille point, ne mange point ».

« Celui qui ne travaille point, ne mange point » — tout travailleur comprend cela. Tous les ouvriers, tous les paysans pauvres et même les paysans « moyens » sont d’accord là-dessus, tous ceux qui ont vu dans leur vie la misère, tous ceux qui ont vécu du produit de leur travail. Neuf dixièmes de la population de la Russie acceptent cette vérité. Dans cette vérité simple, évidente, limpide, se trouve la base du socialisme, la source inépuisable de sa force, le gage inextinguible de sa victoire finale.

Mais en fait, c’est bien simple de souscrire à cette vérité, de jurer qu’on la partage, de la reconnaître du bout des lèvres, et c’est une toute autre affaire que de l’appliquer dans la vie. Quand des centaines de milliers, quand des millions d’hommes souffrent de la famine (à Piter, dans les provinces non agricoles, à Moscou) — souffrent dans un pays où des millions et des millions encore de pouds de pain sont cachés par les riches, les koulaks et les mercantis — quand ce