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Si je ne savais pas que c’est un groupe sans influence qui parle, que les ouvriers conscients à n’importe quelle réunion vont démentir ces paroles, je dirais : la révolution russe est perdue…

Passant aux manifestations du 1er mai qui devaient avoir lieu deux jours plus tard, Lénine conclut :

Tel devrait être le premier de nos mots d’ordre pour le 1er mai : nous avons vaincu le capital, nous vaincrons aussi notre propre manque d’organisation, et seulement alors nous parviendrons à la victoire complète du socialisme (25).


Le 1er mai fut fêté avec pompe sur tout le territoire des Soviets, mais la famine avait fait desprogrès rapides, surtout dans la région du Nord. Pétrograd agonisait. Des révoltes ouvrières, rapidement réprimées, occasionnées par le manque de pain, jaillirent dans quelques usines aux environs de Pétrograd. Les journaux mencheviks qui protestèrent contre « le gouvernement ouvrier qui fusille les ouvriers » furent interdits. L’inflation était l’unique ressource financière du gouvernement des Soviets. Le pouvoir d’achat du papier monnaie diminua rapidement. Le gouvernement bolchéviste s’en tint néanmoins au monopole du blé et au prix fixé encore par le Gouvernement Provisoire. Tout commerce libre de pain fut poursuivi.

Devant cette situation, les ouvriers envoyèrent des détachements dans les campagnes pour faire des achats et au besoin pour procéder à la confiscation du pain. Cette initiative fut entièrement approuvée par Lénine. Il publia à ce sujet une lettre dans la Pravda le 24 mai :

Sur la famine.
(Lettre aux ouvriers de Piter).

Camarades ! Ces jours, votre délégué, un militant du parti, un ouvrier de l’usine Poulitov est venu chez moi. Il m’a décrit en détails le tableau lugubre de la famine à Piter. Nous savons tous que le ravitaillement se trouve en état de crise aussi aiguë dans une grande partie des pro-