Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

quittaient le Midi de la Russie et les Anglais arrêtaient toutes leurs opérations dans le Nord. Cet assaut qui porta Koltchak aux abords du Volga, Dénikine à 300 kilomètres de Moscou et Youdenitch jusqu’aux faubourgs de Pétrograd, qui détruisit tout espoir de porter secours à la Hongrie soviétique et de provoquer en Allemagne un soulèvement nationaliste et révolutionnaire en même temps ; cette grande offensive antibolchéviste russe fut inattendue pour Lénine et le laissa perplexe jusqu’à ce qu’il eût trouvé les formules d’« intervention » et de « guerre de 14 Etats ».

Dès lors, la révolution mondiale brusquée ayant échoué, Lénine se préoccupe de la constitution d’un parti communiste international et fonde ses espoirs sur les peuples des colonies.

Les périls extérieurs écartés, la guerre civile finie, les partis socialistes à l’étranger subissant l’attrait croissant de la IIIe Internationale, le communisme paraît à son zénith vers le Nouvel An de 1921. Mais le pays est ruiné, hostile au pouvoir, et l’armée elle-même n’est pas sûre.

Alors survient la grande crise intérieure de février-mars 1921. Lénine sut la dominer, mais on ne peut dire qu’il sut la prévoir. Au contraire, son rapport au Congrès des Soviets, deux mois avant la crise, prévoyait la réglementation du travail agricole, l’extension de mesures de contrainte envers le paysan.

L’échec de la révolution mondiale, et la retraite forcée dans le pays qui semblait dompté, ont-ils réagi sur Lénine ? Les coups terribles de ces désillusions profondes sont-ils pour quelque chose dans la maladie qui l’a frappé ? Quoi qu’il en soit, un discours de Lénine, un seul parmi toute leur masse, un seul avec toutes les contradictions qu’il contient, laisse entrevoir un drame intérieur et contraste avec le ton autoritaire habituel. On croit sentir dans ce discours mêlé d’ironie et d’angoisse que le doute a pénétré dans cette âme qui y paraissait inaccessible. Tantôt il crie aux communistes qu’ils ne savent rien et que le premier commis venu sait faire sa besogne mieux que ces « révolutionnaires de mérite » ; tantôt il menace de fusiller les mencheviks qui