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vaincre cet état d’âme ; seul le Pouvoir Soviétique peut aborder cette tâche, mais pour lui aussi cela prendra un temps bien long et nécessitera une persévérance exemplaire. Cet « héritage » se manifeste de la façon la plus marquée dans la question du recensement et du contrôle, question primordiale pour toute révolution socialiste au lendemain de la victoire sur la bourgeoisie. Inévitablement un certain laps de temps devra s’écouler jusqu’à ce que les masses libérées du joug des pomiestchiks et de la bourgeoisie — comprennent, sentent enfin — par leur propre expérience dans les Soviets et point par la lecture — que le pouvoir des travailleurs et la liberté des travailleurs ne pourront être préservés sans un recensement, un contrôle général, de la part de l’État, sur la production et la distribution ; que sans cela, un retour sous le joug du capitalisme est inévitable.

Toutes les habitudes et traditions de la bourgeoisie, de la petite bourgeoisie surtout, vont à l’encontre du contrôle d’État, et pour l’inviolabilité de la propriété privée ; pour elles, l’entreprise privée est « sacrée ». Sur ce point, nous voyons en toute évidence que la doctrine marxiste avait raison en déclarant que l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme sont des doctrines bourgeoises qui se trouvent en opposition inconciliable avec le socialisme, la dictature prolétarienne, le communisme. La lutte pour la pénétration de l’idée d’un recensement et d’un contrôle, de l’État soviétique, pour l’application de cette idée dans la vie, pour la rupture avec ce passé maudit qui habitue les masses à voir dans l’achat du pain ou d’un habit une « affaire privée » qui « ne regarde que soi-même », cette lutte est la plus grande lutte entre l’ordre conscient socialiste et l’anarchie élémentaire bourgeoise.

Aussi longtemps que le contrôle ouvrier n’est pas organisé, on ne peut faire un second pas vers le socialisme, conclut Lénine.

L’État socialiste ne peut surgir que d’un réseau de communes de production et de consommation, qui tiennent un compte rigoureux de ce qu’elles produisent et de ce qu’elles consomment, qui économisent le travail, qui relèvent inlas-