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Abordons la question du côté pratique. Admettons que la République Soviétique Russe a besoin de mille savants et spécialistes de première classe dans tous les domaines de la science, de la technique, de l’expérience pratique, pour diriger le travail des masses dans le but d’assurer le relèvement économique le plus rapide du pays. Admettons que ces « étoiles de première grandeur » doivent être payées à 25.000 roubles par an et par tête — la plupart d’entre elles certes, sont corrompues par les mœurs bourgeoises quoiqu’elles dénoncent volontiers la corruption parmi les ouvriers. Admettons qu’on doive encore doubler cette somme de 25millions de roubles en supposant que des primes seront accordées pour l’exécution rapide et particulièrement satisfaisante de commandes spéciales dans le domaine de l’organisation technique) ou bien la quadrupler (en supposant le concours de spécialistes étrangers plus exigeants encore). Dirons-nous que la dépense de 50 ou 100 millions de roubles par an pour la réorganisation du travail du peuple selon le dernier mot de la science et de la technique est trop lourde pour la République des Soviets ? Non, assurément. Une majorité écrasante parmi les ouvriers et les paysans approuvera cette dépense, vu que notre technique arriérée nous fait perdre des milliards et que nous n’avons pas encore atteint le degré d’organisation et de contrôle qui forcera toutes les « étoiles » parmi les intellectuels bourgeois à participer bon gré, mal gré, à notre travail.

Certes, cette question a un autre côté. L’influence corruptrice des hauts traitements est hors de doute, sur le pouvoir soviétique lui-même (d’autant plus que grâce à la rapidité du bouleversement ce pouvoir n’a pu se préserver du concours d’aventuriers et de simples filous qui voudraient bien devenir des « étoiles »… du détournement, avec quelques commissaires incapables ou malhonnêtes) — aussi bien que sur la masse ouvrière. Mais tout ce qu’il y a de conscient et d’honnête parmi les ouvriers et les paysans pauvres sera d’accord avec nous, en admettant que pour rejeter le mauvais héritage du capitalisme, pour libérer la République des Soviets de ce « tribut » de 50 ou