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trôle et de l’organisation dans tout le pays (la guerre et Pétât arriéré de la Russie ne le permirent point) — alors nous aurions pu, en brisant le sabotage, subordonner entièrement les spécialistes bourgeois à notre contrôle. Mais nous sommes bien en retard avec le recensement et le contrôle ; nous avons bien vaincu le sabotage, mais nous n’avons pas encore créé un état de choses qui mettrait les spécialistes bourgeois entièrement à notre merci ; la masse des saboteurs « rentre au service », mais les meilleurs organisateurs, les spécialistes les plus sérieux, ne peuvent être actuellement utilisés par l’État que d’après la vieille méthode bourgeoise (c’est-à-dire pour une rémunération élevée) ; pour les utiliser d’après la méthode nouvelle, prolétarienne, il faudrait créer un système de recensement et de contrôle par en bas, qui inévitablement engloberait et subjuguerait les spécialistes.

Actuellement, nous sommes obligés de recourir à la vieille méthode bourgeoise et consentir à une rémunération très élevée des « services » des spécialistes bourgeois les plus importants. Tous ceux qui se rendent compte de la situation le savent ; mais tous ne comprennent pas ce que cette mesure signifierait pour un État prolétarien. II est patent que cette mesure serait un compromis, un écart des principes de la Commune de Paris et de tout pouvoir prolétarien, qui exigent que tous les traitements soient réduits au niveau du salaire d’un ouvrier moyen, qui exigent qu’on lutte contre le « carriérisme » par des actes et non par des paroles.

Plus encore. Il est évident que cette mesure n’est pas seulement un arrêt — dans un domaine précis et jusqu’à un certain point — de l’offensive contre le capital (car le capital, ce n’est pas une somme d’argent, mais une relation sociale) — c’est un pas en arrière pour notre pouvoir soviétique socialiste qui a proclamé et appliqué dès le début la politique de la réduction des traitements élevés au niveau de la paye de l’ouvrier moyen.

Certes — poursuit Lénine — les socialistes de droite vont rire. Néanmoins, il faut expliquer ouvertement aux masses ce pas en arrière que nous faisons. Toute campagne militaire connaît ses retraites.