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On peut expliquer cela en comparant notre position dans la guerre contre le capital à la situation d’une armée victorieuse qui a conquis, disons, la moitié ou les deux tiers du territoire ennemi et qui se voit contrainte de freiner son offensive pour réorganiser ses forces, pour compléter ses munitions, pour établir et réparer ses lignes de communication, pour construire de nouveaux dépôts, pour faire venir les réserves, etc. Dans ces conditions, l’arrêt d’une offensive victorieuse s’impose justement dans l’intérêt de la conquête du reste du territoire ennemi ; c’est-à-dire dans l’intérêt de la victoire complète. Celui qui ne comprend pas que tel est le sens de cet « arrêt » dans l’offensive contre le capital, que la situation nous a imposé, n’entend rien au moment actuel.

Il faut changer de méthode, dit Lénine. « Si nous voulions continuer à exproprier le capital à la même allure, nous serions sûrement vaincus. » Cela ne veut pas dire que cette méthode fut erronée.

Prenons de nouveau un exemple militaire. Si vous pouvez battre et rejeter l’ennemi par une attaque de cavalerie légère — faites-le. Mais si l’on peut faire cela seulement jusqu’à un certain point, il est bien possible que dans la suite il faille faire avancer l’artillerie lourde. En reconnaissant que nous avons négligé le transport de l’artillerie lourde, nous n’admettons nullement que l’attaque victorieuse de la cavalerie fut une faute.

Les laquais de la bourgeoisie nous reprochaient souvent que nous attaquions le capital par la garde rouge. Reproche insipide, digne des laquais du sac d’argent. L’attaque du capital « par la garde rouge » s’imposait en premier lieu parce que le capital se défendait militairement dans les personnes de Kerenski, Krasnov, Savinkov et Gotz (Guéguétchkori se défend encore), de Doutov et de Bogaïevski[1]). On ne peut briser la résistance armée que par des moyens

  1. Savinkov et Gotz — socialistes-révolutionnaires anti-bolchévistes ; Guéguétchkori — menchevik qui se trouvait à ce moment à la tête du Gouvernement de Transcaucasie ; Doutov— ataman des Cosaques d’Orenbourg ; Bogaïevski — membre du Gouvernement des Cosaques du Don, assassiné par les bolchéviks en mars 1918.