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En ce qui concerne la France, Keynes cite des chiffres comme ceux-ci : son actif est de trois milliards et demi, son passif de 10 milliards et demi ! Et c’est le pays dont les Français eux-mêmes disaient qu’il était l’usurier du monde, parce que son « épargne » était colossale et que le pillage colonial et financier, qui lui avait fourni un capital gigantesque, lui permettait de prêter des milliards et des milliards, en particulier à la Russie. Ces prêts procuraient à la France des revenus énormes. Et malgré cela, malgré la victoire, la France se trouve dans la situation de débiteur.

Un auteur bourgeois, américain, cité par le camarade Braun, communiste, dans son livre Qui doit payer les dettes de guerre ? (Leipzig 1920), définit de la façon suivante le rapport qui existe entre les dettes et le patrimoine national : dans les pays victorieux, en Grande-Bretagne et en France, les dettes représentent plus de 50% du patrimoine national. En Italie, ce pourcentage est de 60 à 70 ; quant à la Russie, il est de 90, mais — comme vous le savez — ces dettes ne nous inquiètent nullement, étant donné que quelque temps avant que ne paraisse le livre de Keynes, nous avions suivi son excellent conseil : nous avons annulé toutes nos dettes. (Vifs applaudissements.)

Seulement Keynes révèle ici son habituelle bizarrerie de philistin : en conseillant d’annuler toutes les dettes, il déclare que, bien entendu, la France ne fera qu’y gagner, que, bien entendu, la Grande-Bretagne n’y perdra pas grand-chose car, de toutes manières, on ne pourrait rien tirer