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ni la paix. Mais on ne peut le renverser en ce moment, car il repose sur les Soviets ouvriers et qu’il inspire encore confiance aux ouvriers. Mais nous ne sommes pas des blanquistes[1], nous ne voulons pas exercer le pouvoir avec la minorité de la classe ouvrière contre la majorité[2]. » Les cadets, qui sont de fins politiques, ont aussitôt remarqué la contradiction entre notre position antérieure et notre position nouvelle, et ils nous ont qualifiés d’hypocrites. Mais, comme en même temps ils nous traitaient d’espions, de traîtres, de canailles et d’agents allemands, cette nouvelle épithète ne fit aucunement impression. Le 20 avril s’ouvrit une première crise. La note de Milioukov sur les Dardanelles[3] a démasqué le gouvernement, qui est apparu comme un gouvernement impérialiste. Là-dessus, des masses de soldats en armes ont marché sur le siège du gouvernement et ont renversé Milioukov. A leur tête, il y avait un certain Linde, un sans-parti. Ce mouvement n’avait pas été organisé par le parti. Nous l’avons

  1. Partisans du révolutionnaire français Auguste Blanqui (1805-1881), fondateur de plusieurs sociétés secrètes. La conviction que la révolution peut être accomplie par une petite poignée de conspirateurs, qu’il n’est pas nécessaire d’associer les masses populaires au mouvement révolutionnaire constitua le point faible du blanquisme.
  2. Voir Œuvres, t. 24, p. 30.
  3. Allusion à la note du ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire P. Milioukov aux pays de l’Entente, qui affirmait la volonté du peuple russe de mener la guerre jusqu’au bout et l’intention du Gouvernement provisoire de faire face à ses obligations envers les Alliés. La note provoqua l’indignation des larges masses, qui répondirent par les manifestations des 20-21 avril (3-4 mai) 1917.