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des événements, mais qui ont peur de nous. Et je voudrais montrer, à partir de notre exemple, qu’il faut agir avec plus de circonspection.

Au début de la guerre, pour nous, bolcheviks, il n’y avait qu’un seul mot d’ordre : la guerre civile, et sans merci. Tous ceux qui n’étaient pas pour la guerre civile, nous les rangions parmi les traîtres. Mais quand, en mars 1917, nous sommes revenus en Russie[1], nous avons complètement modifié notre position. Lorsque nous sommes revenus en Russie et que nous avons parlé avec les paysans et les ouvriers, nous nous sommes aperçus qu’ils étaient tous pour la défense de la patrie, mais, bien entendu, dans un tout autre sens que les mencheviks, et nous ne pouvions qualifier ces simples ouvriers, ces simples paysans de canailles et de traîtres. Nous avons appelé cela le « jusqu’auboutisme de bonne foi ». Je veux d’ailleurs écrire à ce sujet tout un article et publier tous les documents. Le 7 avril, j’ai publié des thèses dans lesquelles je disais : prudence et patience[2]. Notre première position, au début de la guerre, était juste, il importait à ce moment-là de créer un noyau cohérent et résolu. La position que nous avons prise par la suite était également juste. Elle partait du fait qu’il fallait gagner les masses. A ce moment déjà nous nous prononcions contre, le renversement immédiat du Gouvernement provisoire. J’écrivais : « Il faut le renverser, car c’est un gouvernement oligarchique et non populaire, qui ne peut donner ni le pain

  1. Allusion au retour de Lénine d’émigration, en mars 1917.
  2. Voir Œuvres, t. 24, pp. 11-16.