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ont, en un sens facilité la tâche. Cela peut paraître étrange, mais c’est la réalité. La guerre n’a pas été un fait nouveau pour les paysans ; ils comprenaient fort bien la guerre contre les exploiteurs, contre les gros propriétaires terriens. Les énormes masses paysannes étaient avec nous. Malgré les distances extrêmement grandes, bien que la majorité de nos paysans ne sachent ni lire ni écrire, ils ont très bien compris notre propagande. C’est la preuve que les larges masses, chez nous aussi bien que dans les pays les plus avancés, apprennent beaucoup mieux par leur expérience pratique que dans les livres. L’expérience pratique des paysans a été facilitée chez nous par l’étendue immense de la Russie, par le fait que ses différentes parties ont pu, en même temps, traverser des phases d’évolution diverses.

En Sibérie et en Ukraine, la contre-révolution a pu vaincre provisoirement parce que la bourgeoisie était suivie par la paysannerie, parce que les paysans étaient contre nous. Ils disaient souvent : « Nous sommes bolcheviks, mais pas, communistes. Nous sommes pour les bolcheviks parce qu’ils ont chassé les propriétaires fonciers, mais nous ne sommes pas pour les communistes, parce qu’ils sont contre l’économie individuelle. » Et la contre-révolution a pu un certain temps vaincre en Sibérie et en Ukraine, parce que la bourgeoisie l’emportait dans la lutte d’influence parmi les paysans ; mais peu de temps a suffi pour leur ouvrir les yeux. Ils ont vite fait leur expérience pratique et n’ont pas tardé à déclarer : « Oui, les bolcheviks sont assez désagréables ;