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ment une vie toute plate et traînent une existence misérable, qui n’ont jamais entendu parler de politique, se mettent à l’action révolutionnaire, vous avez devant vous la masse. Si le mouvement s’étend et se renforce, il se transforme progressivement en une véritable révolution. Nous l’avons vu en 1905 et en 1917, au cours de trois révolutions[1], et vous aurez également l’occasion de vous en convaincre. Lorsque la révolution est suffisamment préparée, la notion de « masse » devient différente : quelques milliers d’ouvriers ne forment plus la masse. Ce mot commence à prendre une autre signification. La notion de masse se modifie, en ce sens qu’on entend par là la majorité, et de surcroît non pas la simple majorité des ouvriers, mais la majorité de tous les exploités : une interprétation différente est inadmissible pour un révolutionnaire, tout autre sens de ce mot devient incompréhensible. Il se peut qu’un petit parti, par exemple le parti anglais ou américain, après avoir bien étudié le cours de l’évolution politique et s’être familiarisé avec la vie et les habitudes des masses sans-parti, suscite au moment propice un mouvement révolutionnaire (le camarade Radek a signalé comme un bon exemple la grève des mineurs[2]). Si un tel parti, à un tel moment, lance ses mots d’ordre et parvient à être suivi par des millions d’ouvriers, vous aurez là un mouvement de masse. Je ne repousse pas

  1. Il s’agit des révolutions démocratiques bourgeoises de 1905-1907 et de février 1917, et de la Révolution socialiste d’Octobre 1917 en Russie.
  2. La grive des mineurs anglais d’avril 1921.