il voulut le reporter lui-même dans le palais et le mettre dans son berceau. Il s’efforça de comprimer son chagrin et de se livrer aux soins du gouvernement. Mais on ne le revit jamais aussi gai qu’auparavant. Une pensée le rongeait ; c’est qu’un jour viendrait où Kostieï lui demanderait son fils.
Cependant les semaines, les mois, les années passent et personne ne vient réclamer l’enfant. Le prince Inespéré, — on l’avait ainsi nommé, — grandit et devint un beau jeune homme. Le roi reprit sa gaieté et oublia ce qui était arrivé, mais tout le monde, hélas ! n’avait pas oublié.
Un jour le jeune prince, chassant dans une forêt, se sépara de sa suite et s’égara dans un fourré sauvage. Tout à coup apparut devant lui un vieillard monstrueux, aux yeux verts :
— Comment vas-tu, prince Inespéré ? lui dit-il. Tu t’es fait bien longtemps attendre.
— Qui donc es-tu ?
— Tu le sauras plus tard ; quand tu seras rentré chez ton père, salue-le de ma part et dis-lui que je voudrais bien qu’il réglât ses comptes avec moi ; s’il néglige de s’acquitter, il le regrettera amèrement.
À ces mots, le vieillard monstrueux dispa-