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LE PRINCE INESPÉRÉ

Tandis que le roi buvait, sa barbe, qui descendait jusqu’à la ceinture, trempait dans l’eau. Quand il eut apaisé sa soif, il voulut se lever, mais je ne sais quoi le retenait par la barbe et ne le lâchait pas. Après s’être vainement débattu, le roi en colère s’écria :

— Qui est donc là ? Lâchez-moi.

— C’est moi, le roi souterrain Kostieï l’immortel.[1] Je ne te laisserai pas aller tant que tu ne m’auras pas donné ce que tu as laissé dans ta maison, — sans savoir que tu l’avais, — ce que tu n’espérais pas trouver à ton retour.

Le roi regarde dans le puits, il aperçoit une tête énorme avec des yeux verts, une bouche ouverte jusqu’aux oreilles ; Kostieï tenait le roi avec des pinces massives comme

  1. Ce personnage se rencontre très souvent dans les contes russes. C’est, dit M. Ralston, une des nombreuses incarnations de l’esprit noir qui prend tant de formes dans les contes populaires. Tantôt on le représente sous une forme analogue à celle d’un serpent, tantôt on le figure moitié serpent et moitié homme ; dans quelques contes, il se présente sous l’aspect de l’homme. Certains mythologues dérivent son nom de Kost (os), d’où vient un verbe qui signifie ossifier, pétrifier. (Ralston, Russian Folk-tales, Londres, 1873). Voir, dans mes Études slaves, Voyageurs anglais en Russie.