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CONTES SLAVES

sonne) deux pinsons en cage et les avait dressés à répéter une petite chanson qui comparait Zora au soleil, à la lune, à tous les astres possibles, et déclarait qu’elle devait choisir un mari aussi beau parmi les hommes qu’elle l’était elle-même parmi les femmes.

En effet, à l’âge de dix-huit ans, Zora était bien la plus admirable et la plus spirituelle de toutes les créatures. Son père lui donnait en dot d’immenses trésors d’or et d’argent, plus les deux îles de Chypre et de Rhodes avec leurs ports, leurs forteresses, leurs magasins remplis de marchandises, leurs innombrables vaisseaux. Assurément, Zora ne devait pas manquer de prétendants ; ils ne tardèrent point à arriver en foule.

Le premier qui se présenta fut un fils d’empereur ; il venait du côté de Stamboul ; il était beau comme une statue qui sort des mains du sculpteur. C’était d’ailleurs un héros renommé qui, dans cent batailles, avait défait les Turcs, ces grands ennemis de la chrétienté. Il apportait au doge et à la dogaresse des présents magnifiques en or massif, en pierreries ; il déposa aux pieds de Zora des perles d’une grosseur inouïe ; il les avait naguère arrachées au turban d’un sultan