Un seigneur vient à passer ; il regarde et s’étonne : le cheval marche, la charrue laboure, et personne ne les conduit.
— On n’a jamais vu, jamais on n’a entendu dire qu’un cheval labourât de lui-même.
— Serais-tu aveugle ? répond le paysan. C’est mon fils qui laboure.
— Vends-le-moi.
— Non, je ne le vendrai point ; c’est notre seule joie à sa mère et à moi, notre seule consolation.
— Vends-le-moi, vieillard.
— Eh bien ! donne mille roubles, et tu l’auras.
— Quoi ? si cher ?
— Tu vois, l’enfant est petit, mais vaillant, léger des pieds et prompt à faire les commissions.
Le seigneur paya les mille roubles, mit le petit dans sa poche, et s’en alla chez lui. Mais le petit Poucet s’ennuya dans la poche, y fit un trou et s’échappa.
Il marcha, marcha ; la nuit sombre le surprit ; il se cacha sous une touffe d’herbe et se mit à dormir. Vinrent à passer trois voleurs.
— Salut, braves gens, dit le petit Poucet. Où allez-vous ?