lante ne voulut pas qu’il renonçât à la bonne chance, et décida ses frères à l’emmener.
Ils partirent donc tous trois ; Michel et Martin avaient pris deux grands sacs remplis de vivres. Jeannot n’avait rien.
— Je voudrais bien savoir, dit-il tout à coup à ses frères, si nous allons rencontrer la fortune.
— Tu peux bien courir au-devant d’elle, toi qui n’as rien à porter.
Ils étaient furieux de voir que Jeannot ne portait rien, tandis qu’ils avaient tant de peine à traîner leurs sacs. Ils avaient marché toute la matinée ; le soleil les brûlait ; ils étaient fatigués et ils avaient faim. Ils s’assirent au bord de la route, sous un arbre, et se mirent à manger. Jeannot s’assit sous un autre arbre et se mit à pleurer ; peut-être avait-il faim, peut-être regrettait-il la mort de son père.
Ses frères se moquèrent de lui.
— Tu vois, une autre fois, ne sois pas si paresseux ; tu auras aussi à manger.
Jeannot essuya ses larmes avec sa manche.
— Vous faites de jolis fils, leur dit-il ; vous partez courir le monde pour soulager votre mère, et vous commencez par emporter de chez elle ce qu’il y a de meilleur.
Cette réponse inattendue fit taire les